VOIR LA VIE AUTREMENT AVEC SANDRA REINFLET
« Voir la vie autrement avec… » est la nouvelle émission de Tediber, diffusée sur Internet : une émission où l’on invite des personnalités qui, selon nous, voient la vie autrement, pour s’intéresser à leur manière bien à eux de s’y prendre !
Tediber est la 1ère marque 100% on-line dans l'univers du sommeil en France. Dans son acte de naissance, Tediber avait pour priorité de révolutionner ce marché peu transparent et empilant les intermédiaires, pour être en mesure d'offrir à ses clients des matelas, couettes et oreillers d'exception à un prix accessible, ainsi qu'une expérience client incroyable.
En 2 ans, Tediber a changé le quotidien de plus de 35 000 personnes et continue à vouloir faire voir la vie autrement à de plus en plus de personnes.
Sandra Reinflet : Exploratrice de l’inconnu, inventeuse d’histoires vraies
Enfant, Sandra Reinflet avait la tête pleine de rêves : être photographe, chanteuse, écrivain, styliste de mode, etc… Tous ces rêves, elle les avait remisés dans le grenier de l’enfance pour poursuivre des études « sérieuses » et commencer un travail « sérieux » jusqu’à un certain accident de voiture à 20 ans. Depuis, c’est la vie qu’elle a décidé de prendre au sérieux plutôt et sans guillemet cette fois.
Elle travaille à vivre toutes ses envies, tout particulièrement celles qui l’emmènent vers des contrées qu’elle n’a jamais visitées ou des domaines qu’elle n’a pas encore explorés. C’est dans l’instabilité et les prises de risque qu’elle trouve l’épanouissement et l’envie de transposer toutes ses expériences de vie en démarche artistique.
« Nous savons tous les deux que le monde sommeille par manque d’imprudence. », cette phrase de Brel est un véritable guide. Un livre, une expo photo, un album de chansons, un documentaire ou toute autre façon singulière de mettre en scène la beauté de ce que c’est, pour elle, « voir la vie autrement».
L’attrait de l’inconnu, la confiance en soi/les autres et la fièvre de vivre sont finalement plus qu’une démarche artistique mais une démarche de vie tout court. Une façon singulière de nous enthousiasmer pour nous donner l’envie de voir la autrement également.
Vous êtes ?
Je suis Sandra Reinflet et je suis inventeuse d’histoire vraie. C’est une façon de résumer les choses peut-être inrésumables. En tout cas de créer un métier qui n’en est pas un. Je suis chanteuse, écrivain, photographe et conférencière ; tous ces métiers sont liés au voyage, au déplacement ou à l’ailleurs. Je définis cela comme une sorte d’inventeuse d’histoire vraie. Afin de traduire le fait que je mets en scène le réel, je travaille souvent à partir de la matière existante, de la matière concrète. Ensuite je la mets en forme, avec un texte, avec une photo ou soit avec une musique. Mais ça reste de la mise en scène du réel.
Trois mots pour vous décrire ?
Alors il faudrait demander à mes amis quels mots ils utilisent vraiment quand je ne suis pas là. Mais en face de moi, je crois qu’ils diraient que je suis libre, créative et autoritaire pour ceux qui me connaissent vraiment bien. Ca va peut-être avec libre, j’ai l’habitude de décider de beaucoup de choses et de faire assez peu de compromis. C’est peut-être une déformation avec le temps.
Quand vous serez grande ?
Quand j’étais petite, je disais que plus tard je serai chanteuse, écrivain, voyageuse, photographe et styliste de mode, mais j’ai vite laissé tomber cette idée entre-temps. On me regardait avec un peu de bienveillance parce que j’étais petite et que j’avais le droit de rêver. Vous voyez, il y a ce côté “elle a encore le droit de rêver” . Moi je ne pense qu’il y ait un moment pour formuler ou imaginer ses rêves et un moment pour les réaliser. Je crois qu’ils se cumulent et changent au fil de la vie. On ne se connait pas toujours très bien quand on est gosse. Il y a plein de gens qui veulent être pompiers parce que leur voisin veut faire ça. Moi, je ne sais pas du tout ce que je ferai dans dix ans et c’est ce que je trouve génial. Peut-être que je serai, je ne sais pas..pépiniériste ou éleveuse de singe . Mais j’adore ça; le fait de ne pas savoir ce qui m’attend et de continuer à formuler des rêves au fil du temps.
Voir la vie autrement, qu'est ce que cela signifie pour vous ?
Je ne sais pas vraiment ce que signifie “voir la vie autrement”. Je crois que tout le monde voit la vie d’une façon singulière. Quand on est enfant en tout cas c’est le cas. On joue, on est dans une quête de plaisir sans objectif de résultat. Sauf que plus on vieillit plus on veut que ce que l’on fait soit utile, soit performant, soit efficace. Du coup, il y a pleins de choses qu’on s’interdit avec l’âge. Pour moi, une des clés de la joie et de l’épanouissance c’est de garder cette fraîcheur là : se dire que j’ai le droit de faire les choses et de pas bien les faire. Mais j’essaye. Essayer c’est déjà un peu réussir.
C'est inné ou ça s'apprend ?
Je ne pense pas qu’on apprenne à voir la vie autrement. On naît avec une certaine vision mais petit à petit elle est restreinte, elle est réduite par l’influence des autres, par l'influence des copains à l’école, des profs, des parents, de la société, des études. De tout ce qu’on attend de nous. Tout ce dont on veut nous faire croire. On veut nous faire croire qu’il y a une façon d’être heureux, une façon d’atteindre le bonheur et que c’est la même pour tout le monde. Ce n’est pas vrai. A mon avis il y a une résistance à cultiver pour ne pas se laisser influencer et pour trouver son propre chemin.
L'événement déclencheur ?
Quand j’avais vingt ans, j’ai eu un accident de voiture assez violent qui, sur le coup, a été dur mais en fait a surtout été un déclic génial, en tout cas un accélérateur. J’ai donc décidé de partir faire le tour du monde avec une copine. C’était vraiment le premier pas vers ma vocation. On est allées, pendant quatorze mois, rencontrer plein de femmes de notre âge qui réalisent leurs projets malgré des situations difficiles. Afin de témoigner du fait que même si elles sont en prison, même si elles sont dans des bidonvilles, des déserts, qu’elles vivent vraiment des situations compliquées, elles arrivent à se frayer un chemin, à s’épanouir. Nous avons réalisé plusieurs portraits d’elles en route. Au retour ces portraits sont devenus mon premier bouquin. C’était vraiment l’acte fondateur, si je peux dire, dans ma carrière.
Et si ?
Si je n’avais pas eu ce déclic à ce moment là, je pense que j’en aurai eu un autre . Pour moi c’est inimaginable d’envisager une autre vie que celle-là. Quand j’ai fait le tour du monde, j’ai vu un espèce de gourou en Indonésie qui m’a dit “quand t’auras trente-trois ans ça marchera dans un domaine artistique”. Je m’étais donné cette espèce d’échéance là. Cette situation a vraiment été difficile, j’ai été au RSA pendant des années au début. Je me disais même si c’est dur, même si tu doutes, tu n’as pas le droit d’arrêter avant d’avoir trente-trois ans. C’était une sorte de contrat passé avec moi-même. Je me disais “si par la suite, cela devient trop douloureux, il sera peut-être temps d’envisager une autre voie”. En fait arrivée à trente-trois ans la question ne posait même plus, je ne pouvais pas imaginer une autre façon de vivre que celle-là. Le truc un peu marrant, enfin moi, ça m’a fait rire ou déprimer selon les moments. Je suis allée retrouver ce gars pour le remercier, lui dire que grâce à lui j’avais persévéré pendant huit ans. Lui dire également que je n’avais pas cessé de penser à sa prédiction et que cela m’avait permis de ne pas m’arrêter aux premiers obstacles . J’ai traversé l’océan pour aller le voir, j’ai fait huit mille bornes, j’ai cherché dans son village..Et quand je l’ai retrouvé il m’a dit “oh non! Moi maintenant je ne suis plus du tout gourou, je suis agent immobilier parce que cela ne rapportait pas.
Garder un oeil neuf ?
Quand on voyage, on s’émerveille toujours de tout. Tout a toujours l’air génial ; la jeune fille qui vend du maïs sur le bord de la route, on trouve cela super. Pourtant l’homme qui vend des marrons à Barbès on ne le regarde pas, simplement parce qu’on est chez nous, c’est le quotidien. On se conditionne au fait de ne pas être surpris. J’essaye de cultiver cet oeil du voyageur, cet oeil neuf, qui fait que l’on ne s’habitue pas aux choses autour de nous. Cela veut dire également apprendre à regarder, ne pas avoir les yeux fixés sur son écran de téléphone mais apprendre à observer ce qui se passe autour, être spectateur, se laisser la possibilité d’être surpris. J’ai toujours des carnets sur moi (si je ne les ai pas, je me sens comme amputée) sur lesquels je note plein de trucs, des idées, des remarques ou parfois juste ma liste de courses.
C’est vraiment mon endroit secret, je veux que personne ne les lise. Je me suis promis à moi-même de ne jamais les lire pour ne pas chercher à faire quelque chose de bien. Si je sais que potentiellement un jour ils seront publics ou que je sois, moi, le propre juge de ce que j’écris, j’essayerai d’être intéressante, intelligente, j'essaierai de ne pas faire de fautes. Je pense qu’il est important d’avoir ces petites capsules de liberté, où on s’autorise tout.
Avez vous un rituel matin/soir ?
J’adore avoir du temps, j’adore m’ennuyer. J’aime bien que mes matins ne soient pas trop chargés. J’essaye de repousser les premiers rendez-vous assez tard pour avoir le temps de contempler. C’est peut-être mon côté “vieille” mais je suis fan de plantes, je dois en avoir une cinquantaine chez moi malgré le fait que j’habite en région parisienne. Autant dire que ce n’est pas le jardin énorme mais j’ai quand même pleins de plantes ! Pour moi, c’est vraiment un moment important de m’en occuper le matin, de les regarder, de boire mon café juste en les observant. C’est essentiel pour avoir des idées, pour avoir des nouvelles images ou des envies. Si je suis trop dans le faire, dans l’action, en mouvement, cela m’empêche de faire naître ces petits éclairs d’envie.
Une devise ?
Je n’ai pas vraiment de mantra mais j’essaye souvent de me rappeler des petits phrases qui m’ont plu. Il y a une citation de Prévert que j’adore : “ Il faut essayer d’être heureux ne serait-ce que pour donner l’exemple” . Je trouve cela important surtout dans l’art; on a un peu ce fantasme de l’artiste maudit. Il faut être torturé pour avoir besoin de s'extérioriser dans l’art. Pour moi si l’oeuvre est ratée, la vie est ratée. Je ne fais pas de différence entre les deux. Si ma vie est ratée, je n’ai rien compris. Il faut que les deux s’équilibrent. J’aime également les citations de Brel, je pourrai en sortir dix mais je pense là, à la chanson Jojo où il déclare “nous savons tous les deux que le monde sommeille par manque d’imprudence.”
Votre livre de chevet ?
Ce n’est pas vraiment mon livre de chevet du fait que je relie peu les livres. Mais un livre qui a été fondateur, qui a été important dans mon parcours, c’est celui d’Isabelle Monin, les gens dans l’enveloppe . On me l’a offert pour mon anniversaire et j’ai adoré l’idée avant l’écriture. L’écrivain a acheté dans une brocante des photos d’inconnus. A partir de ces photos elle a inventé leurs histoires, le parcours de ces gens. La première partie de ce roman est donc une fiction. Dans une seconde partie, elle retrouve ces gens, mène une enquête et confronte la fiction au réel. J’ai adoré ce concept car c’est un peu la même essence qui anime mes projets. Travailler d’abord sur le documentaire, sur le réel et ensuite en faire autre chose.