VOIR LA VIE AUTREMENT AVEC THE TATTOORIALIST
The Tattoorialist - Photographe de la beauté des tatoués
« Voir la vie autrement avec… » est la nouvelle émission de Tediber : une émission où l’on invite des personnalités qui, selon nous, voient la vie autrement, pour s’intéresser à leur manière bien à eux de s’y prendre ! The Tattoorialist démontre à sa façon très délicate et dévouée qu’il est possible et même recommandé de voir la vie autrement. Travaillant auprès de personnes atteintes de troubles psychiques, The Tattoorialist a toujours porté sur le monde et sur ceux que le monde classe dans la marginalité un regard empreint de beauté et d’humanité. C’est cette beauté et cette humanité qui habitent les photographies des tatoués rencontrés lors de son tour de France et du Monde, ces passionnés atypiques qui donnent ainsi à voir le reflet de leur âme.
Vous êtes ?
Bonjour, je suis Nicolas Brulez, aussi appelé The Tattorialist
Trois mots pour vous décrire ?
Mes amis me décrivent souvent comme quelqu’un d’étrange, rigide et avec un humour particulier
Quand vous serez grand ?
Quand j’étais petit, je crois que j’avais dans l’idée de devenir journaliste, parce que j’ai toujours été très attaché à regarder ce que faisaient les gens, à regarder comment ils vivaient, à observer. J’ai toujours été à côté du monde dans lequel je vivais, et je crois que quand j’étais petit, c’était vraiment ça !
Voir la vie autrement, qu'est ce que cela signifie pour vous ?
Pour moi voir la vie autrement c’est surtout accepter d’être hors du temps. En gros se mettre en pause, regarder les choses différemment et d’être plus observateur qu’acteur. C’est un peu ce que je fais derrière l’appareil photo, c’est à dire que je fige le temps, je fige l’émotion qui est ressentie et j’installe une relation avec le sujet dans une espèce de bulle. C’est vraiment quelque chose de captif entre la personne et moi, et ce moment c’est un moment qui n’appartient qu’à nous deux pendant un instant.
C'est inné ou ça s'apprend ?
Voir la vie autrement, pour moi c’était inné en fait. J’ai toujours été un enfant, à côté des choses, mes parents me posaient dans un transat, ils étaient tous autour de moi, et je ne bougeais pas, je faisais qu’observer les choses différemment, ça a duré pendant des années. C’est la chose qui me caractérise, c’est vraiment inné !
L'événement déclencheur ?
Dans ma vie, j’ai toujours eu l’impression que la manière dont je voyais les choses c’était quelque chose d’inné. J’ai un parcours très particulier où d’un côté je suis infirmier psy depuis 15 ans, et à côté je suis photographe. L’événement qui m’a le plus marqué et qui a été déclencheur pour moi dans ma manière de voir les choses encore plus différemment et surtout de l’assumer, ça a été ma rencontre avec Mylène, qui est ma femme aujourd’hui. C’est très compliqué d’avoir une double vie, avec un côté très terre à terre où je suis infirmier psy et j’aide la souffrance des gens où je les aide à aller mieux dans une prise en charge plus … Et de l’autre côté où en tant que photographe, je leur permet d’exister différemment. J’avais jamais osé en fait vraiment le faire ou concrétiser par peur de légitimité. Et justement, Mylène qui m’a aidé et m’a dit “Si tu as envie de le faire, fais-le, te gêne pas, si tu vois les choses différemment”
Et si ?
Si il n’y avait pas eu la rencontre avec Mylène qui est l’événement le plus marquant de ma vie, je crois que j’aurai eu une vie totalement différente et que je serai passée à côté de ma vie. Quand on s’est rencontrés ça a vraiment été ce déclencheur de : les choses sont possibles au moment où on accepte que la vie soit improbable. Sans cette rencontre là, je vivrais dans une vie qui n’est pas la mienne, une vie juste à côté, comme dans une boîte comme enfermé. J’ai un tattoo qui est : être lié à quelqu’un. Cette rencontre c’est ce qui fait qu’aujourd’hui elle et moi on a un lien indissociable, et tout ce qu’on a fait ensemble c’est ce qui me caractérise
Garder un oeil neuf ?
Pour garder un oeil neuf sur les choses, j’ai un peu l’impression que tout ce qui m’entoure est source d’inspiration, ça me permet d’être naif sur ce qui m’entoure. La lecture par exemple, je passe beaucoup de temps à lire (moins de temps que ce que j’aimerais) mais aussi à regarder des livres de photos. On passait énormément de temps dans les expositions, des musées, mais aussi mes amis avec qui je passe énormément de temps et puis être seul, ce qui me permet de me recentrer, de me rassembler et de prendre plus d’énergie pour avancer dans mes projets que je mets en place.
Avez vous un rituel matin/soir ?
Tous les matins et tous les soirs, j’ai un rituel qui est immuable. Notre lit on l’appelle “le nuage”, et tous les matins et soirs, j’aime juste me blottir contre ma femme, Mylène, comme une moule à son rocher !
Une devise ?
J’ai un mantra, une sorte de devise qui ne me quitte pas c’est “il faut laisser la vie être improbable” en rencontrant Mylène, chaque journée est improbable, notre rencontre était improbable, le fait de me lever le matin et de me dire qu’en début de journée je suis infirmier psy et qu’en fin de journée je suis photographe. Toute ma vie est improbable, et le fait de l’accepter ça rend les choses plus légères, plus faciles et surtout plus drôles ! Je me laisse toucher par tout ce qui existe parce que la vie on se pas de quoi elle est faite, ni comment elle est écrite, donc il faut que ça soit .
Votre livre de chevet ?
J’ai un livre de chevet en ce moment, et en même temps c’est un livre que j’ai depuis très très longtemps. C’est Raymond Depardon qui est effectivement un illustre photographe. Ce livre là c’est Errance, qui est toute une série de portraits de paysages. C’est compliqué photographiquement parlant à expliquer, mais en fait, au lieu de prendre un paysage en format portrait, il a décidé de personnifier chaque ville et chaque pays dans lequel il est allé. Il y a absolument personne sur ses photos, c’est que de l’architecture ! Je trouve qu’il a une manière très humble finalement de parler des choses qu’il voit, de mettre de la distance par rapport à ses sujets. Raymond Depardon c’est un peu la personne qui m’a donné envie de faire de la photo, c’est le livre dans lequel je me re-plonge dès que j’ai un doute et que je me perds un peu dans des pérégrinations égocentrées sur “Qu’est-ce que je fais en tant que photographe ?” Je me dis que quand on voit le parcours d’un photographe comme Raymond Depardon, ça donne de l’inspiration.